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Sur le rosier de ta fortune, aujourd'hui, la rose s'entrouvre
Ami, dis-moi pourquoi ta coupe est-elle absente de ta main?
Bois du vin, le temps te poursuit, tu fuis en vain,
Le temps t'accable et retrouver un jour pareil, tu ne le pourras plus demain.
Tu lui faisais toute confiance et sur lui seul tu t'appuyais
Ouvre l'œil sur lui, prends bien garde, en ces temps l'ennemi est proche
Il vaut mieux se faire distant envers les gens, ces jours venus
Et ne dialoguer que de loin. Deviens avare de paroles?
O homme insouciant, ce corps qui est le tien n'est rien
La voûte des neuf cieux étincelants n'est rien
Sois joyeux dans ce lieu où règne le désordre
Nous n'y sommes qu'un seul instant. Et cet instant même n'est rien.
Au royaume de l'âme, il faut savoir être prudent Sur cette terre,
Il faut surtout apprendre à bien savoir se taire
Tant que tu as ta langue, tes oreilles, tes yeux
Tâche d'être sans yeux, sans langue et sans oreilles…
Prends des danseurs, du vin, une beauté - s'il y a
Ou bien cherche un joli ruisseau et du gazon - s'il y a
Et ne demande rien de mieux, ne t'occupe plus de l'enfer
Il n'y a d'autres paradis, si un paradis, il y a.
Khayyâm qui cousait les tentes de la philosophie
est tombé dans le brasier du chagrin. Il y brûla.
Les ciseaux du destin ont coupé le fil de sa vie
et le revendeur, le temps presse, l'a cédé à d'autres, pour rien.
Songe que tu seras séparé de ton âme
Derrière le rideau du Seigneur, tu iras
Tu es venu tu ne sais d'où. Secret perdu. Lève ta coupe
Essaie d'être heureux aujourd'hui. Où iras-tu? Tu ne sais pas
Qui m'a créé, je ne le sais. Du paradis ou de l'enfer?
Peu m'importe dans cet instant. Une coupe de vin limpide
Une beauté, une cithare dont je jouis dans le présent
Au bord d'un pré me sont trois dons. A vous d'aimer le paradis...
La robe noire de la nuit s'est déchirée au clair de lune
Lève ta coupe au clair de lune, il n'est de moment plus exquis
Sois insoucieux, demain viendra. Une autre nuit, la même lune
Plus jamais ne nous surprendra. Salue et bois au clair de lune !
Dis-moi, ami, quelle fut ma part parmi ces richesses? Mais, rien
Que m'a laissé la main du temps en me quittant? Encore rien
J'étais le flambeau de la joie, mais ce flambeau éteint, plus rien
Ah! Je suis la coupe de Djem: brisée, moi, je ne suis plus rien!