
O mon cœur
O mon cœur, si chaque jour te voit meurtri par le chagrin
Chaque jour torturé par un nouveau supplice
Dis-moi pourquoi tu es en moi, pourquoi m'opprimer dans mon corps
puisque, mon âme, au jour prochain, tu vas m'abandonner, partir…
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O mon cœur, si chaque jour te voit meurtri par le chagrin
Chaque jour torturé par un nouveau supplice
Dis-moi pourquoi tu es en moi, pourquoi m'opprimer dans mon corps
puisque, mon âme, au jour prochain, tu vas m'abandonner, partir…

Avant toi et moi, il y eut des crépuscules, des aurores,
Bien avant nous, le ciel sur lui-même a tourné
Ah! pose avec égards le pied sur la poussière
Elle fut le regard et l'œil d'une beauté!

Aux tables de la Création, ce qui existe était marqué
Le pinceau de notre univers, le bien et le mal, il ignore.
Dans notre destin est inscrit ce que le Seigneur a voulu
Tous nos efforts sont inutiles, on ne force pas l'illusoire.

Celui qui a tourné la coupe peut-il songer à la détruire ?
Ces belles têtes, ces beaux bras, ces mains adroites, quel amour
les a créés? Après tant d'amoureux travaux
Quelle haine et quelle folie les peuvent briser, peux-Tu le dire?

Khayyâm, aurais-tu péché! Pourquoi ce chagrin et ces larmes?
Que gagnes-tu à ces tourments? Ils sont vains.
N'est-il point prévu que sous chaque péché naissent miséricorde et les délices du pardon?
Alors, quelle crainte aurais-tu??

Dans ce monde inconstant qui nous sert d'asile, j'ai cherché
J'ai tout poursuivi, tout traqué. A la fin, pour quelle réponse ?
J'ai trouvé plus pâle la lune devant l'éclat de ton visage
et le cyprès se fit difforme auprès de ta taille élancée?!

Aurais-tu parcouru le monde? Tout ce que tu as vu n'est rien
Tout ce que tu as pu entendre ou entrevoir, cela n'est rien
Ta vie n'était que passerelle en vain jetée entre deux vides
Sur ton tapis, tu as prié? Tout cela n'est encore rien.

Le temps est là, ô ma beauté, tout prêt à nous briser ensemble
Si précaire est notre séjour que notre monde, c'est du vent
Une chose est sûre, pourtant: tant qu'entre nous passe la coupe
Le Seigneur est entre nos mains, entre toi et moi, un instant.

Je ris, je bois, j'aime le plaisir et le vin
Je ne connais pas l'hérésie, je suis indifférent au doute et pour le culte, peu d'attrait.
A la vie et à la beauté j'ai demandé: "Quelle est ta dot ?"
"J'ai pour dot la joie de ton coeur."

Qu'elles sont belles ces verdures qu'on voit pousser près des ruisseaux
On dirait le duvet léger né sur les lèvres d'une idole
Ne les foule pas de ton pied comme un passant indifférent
Elles sont nées de la poussière d'un visage au teint de tulipe.