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Nous sommes pions aux mains du Ciel. Pour se distraire, il nous déplait
Ce n'est pas ici métaphore, il est le Maître, seul il joue
Sur l'échiquier de l'existence il nous pousse sans nous connaître
Puis il nous jette un par un dans l'étroit cercueil du Néant.
Tu as mis en nous la passion et tu nous défends d'y céder
Tu nous a mis dans un grand trouble entre ton ordre et ta défense
C'est comme si tu ordonnais d'incliner la coupe,
Exigeant de ne pas répandre le vin, et en même temps, de le boire.
Ma bien-aimée - puisse sa vie durer autant que mes chagrins!
Elle a recommencé à me voir, à me sourire.
Elle a jeté dans mes yeux un regard furtif et puis elle s'est éclipsée en se disant:
"Faisons le bien; après, on le jette dans l'eau?!"
Quand tu seras en compagnie d'un long cyprès à taille souple
D'une beauté au teint de rose, ne t'éloigne pas du jardin
Serre précieusement ta coupe. Le vent disperse les pétales
Il dispersera en lambeaux ce qui semblait être ton bien.
Ne donne pas à ton esprit accès aux pensées impossibles
Bois du vin, au long des années. Vide ta coupe et remplis-la
Sois empressé, réjouis-toi. Aime la fille de la vigne
La mère est permise? Il vaut mieux choisir la fille défendue!
A l'heure où je fuirai la mort, tout pareil à la feuille sèche
Quand les parcelles de mon corps quitteront mes branches, ma vie,
Avec joie je voudrais passer l'univers à travers un crible
avant que le maçon le prenne pour trier mes propres débris!
D'argile et d'eau, Tu m'as petri Je n'y suis pour rien, et qu'y puis-je?
Laine et soie", Tu les as filées. Je n'y suis pour rien, et qu'y puis-je?
Le bien, le mal que je commets, qui les a donnés? Et qu'y puis-je?
Mon destin, c'est Toi qui l'as fait. Je n'y suis pour rien et qu'y puis-je?
O mes amis, n'ayons souci du lendemain
Traitons plutôt comme un butin notre seul instant d'existence
Demain nous sortirons de notre vieux couvent?
pour rejoindre nos compagnons des sept mille ans vécus ensemble.
Lève-toi, et frappe du pied. Nous, nous frapperons dans nos mains?
Levons nos verres à nos beautés aux yeux langoureux de narcisses
Notre bonheur sera modeste quand nous n'aurons bu que vingt coupes
mais il sera plus grand que nous, arrivés à la soixantième...
Que de gens vivent ensommeillés sur cette terre, que de gens
dans son sein et à tout jamais sont enfouis, ah! que de gens
Quand je jette les yeux sur le désert du Rien Que de gens à venir, et, partis, que de gens!